D.R |
Ah, la rentrée
littéraire ! Chaque année, nous voyons arriver cette période
avec autant de curiosité que d'appréhension… Appréhension à
l'idée des dizaines de milliers de cartons qu'il va falloir
réceptionner et manipuler chaque semaine (aïe, le dos...), cartons
eux même remplis de centaines de milliards de nouveautés - romans,
essais, albums jeunesse, etc. - qu'il
faudra lire, les uns
après les autres ou tous en même temps, le plus vite possible parce
que les piles montent, montent, montent sur
nos
tables de chevet… Bien
sûr nous sélectionnons en amont, bien sûr nous ne pouvons ni ne
voulons recevoir l'intégralité de cette avalanche littéraire !
Mais quand même, c'est une période intense de lecture au kilomètre
et de bien peu de sommeil.
Et pourtant ! Comment ne pas se laisser gagner par l'excitation en les déballant, ces fameux cartons ! Comment ne pas se sentir heureux de ce formidable désir de lecture suscité par le bouillonnement éditorial, l'écho médiatique exceptionnel donné aux livres et aux auteurs ! Plus qu'à d'autres périodes de l'année, les livres sont comme des promesses, promesse d'être éblouis, emportés, bouleversés par nos lectures, et même si ces espoirs sont parfois déçus, on se laisse prendre au jeu.
Alors oui, une fois les
piles bien rangées sur nos tables, nous faisons le dos rond, un peu
agacés par l'hystérie de la période des prix littéraires, on
attend que ça passe, mais que de belles découvertes aussi, que de
belles voix que l'on a envie de donner à entendre, voix affirmées
d'auteurs que nous aimons déjà et qu'il est bon de retrouver, voix
inouïes jusqu'alors et qu'il nous semble avoir toujours connues,
voix plus ténues que celles qui dominent le grand concert de la
rentrée….
Et parmi celles-ci,
écoutez : la voix d'Eka
Kurniawan, dans
Les belles de Halimunda, (éd. Sabine Wespieser), ample fresque
indonésienne tant historique que mythologique construite autour
d'une inoubliable lignée de femmes ; celle de Paolo Cognetti
dans Les huit montagnes, (éd. Stock), récit d'enfance, de
filiation, intimiste et émouvant, et déclaration d'amour aux
montagnes (de lui, on avait déjà beaucoup aimé aux éditions Zoé
Le Garçon et la montagne) ; la voix singulière d'Ali
Erfan dans Sans ombre (éd. de l'Aube), récit glaçant de la
guerre Iran-Irak vue à hauteur d'enfant ; la voix chaude de Kei
Miller dans By the river of Babylon (éd. Zulma), conte
rastafari à la belle maîtrise narrative (chroniqué ici) ; la
voix bouleversante et hélas à jamais éteinte de Richard Wagamase
dans Jeu blanc (éd. Zoé, qui avaient déjà publié l'an
dernier le magnifique Les étoiles s'éteignent à l'aube,
chroniqué ici) ; la voix de Joël Baqué dans La fonte des
glaces (éd. P.O.L), loufoque épopée d'un charcutier devenu à
son corps défendant « une icône de la cause écologique »
(et de Joël Baqué on avait adoré La mer c'est rien du tout
chez le même éditeur) ; enfin la voix de Baptiste Morizot dans
Les diplomates, cohabiter avec les loups sur une autre carte du
vivant (éd. Wildproject), stimulant essai qui nous invite à
« vivre en bonne intelligence avec ce qui, en nous et hors
de nous, ne veut pas être domestiqué »…
Allez, laissez nous un
peu de temps, et nous vous proposerons d'autres merveilles…
Claire
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